L'arrivée de Pierre Duquesne

Voyant un des nouveaux arrivants laisser son regard errer sur une des jeunes femmes présentes dans la taverne, Nicolas se leva, prit commande de deux verres de rhum au comptoir et s'approcha de l'homme.

Hola marchand, bienvenu à toi en ce lieu de détente et j'espère que tu fourniras le poulpe en bon rhum et diverses autres bonheur pour nos gosiers !
En attendant trinquons !

Puis à voix basse et en se penchant un peu vers le marchand.
Cette jeune femme que tu regardais se nomme Lizbeth, sa mère est une anglaise de famille noble qui s'est rebellé contre sa famille et a atteri ici dans les bras d'un boucanier guère plus fréquentable que les buffles qu'il chassait.
Une histoire moche et la pauvre petite est seule maintenant, alors soit aimable marchand et nous seront de bons amis.
Mais je ne doute pas que tes intentions soient louables de toutes manières.

Merci du renseignement l'ami, si cette Lizbeth est issue de la noblesse elle doit savoir lire et écrire, c'est fort intéressant...

Mes intentions sont elles louables ? ah peste je me suis jamais posé la question. Encore heureux que tu ne sois pas prêtre et que mon épouse soit loin en France.
ah donc elle t'intéresse aussi, mais il y a un instant je te voyais en belle compagnie...

Non il n'y a pas mal à envisager quelques bons moments si elle le souhaite et elle ne sera pas traitée en catin. Vois tu elle n'est probablement pas si faible femme que tu le pense mais certain elle est pauvre.

Si elle le veut bien elle pourrait me renseigner sur les mouvements des navires et par exemple m'envoyer un courrier lorsque ici ça manque de souffre ou qu'il y a trop de fourrures et que les prix sont tombés.
Elle pourrait me mettre en relation avec les négociants les planteurs et bourgeois de la région. Cela me ferait gagner du temps quand je viens ici.
Bref acheter au plus bas et vendre quand les cours ont monté, il y a fortune à faire. Si elle a de l'aptitude à ces choses là elle aura son pourcentage, dans quelques années elle pourrait avoir son entrepôt. Si elle a le sens des affaires dans dix ans elle rachètera le manoir de ses parents. Enfin ne nous emballons pas... Pour le moment je vais lui offrir une pièce de soie et apprendre à la connaitre...

Allons Nicolas trinquons ensemble !

Haha ! Mes Salutations l'ami !

Alexandre Maurois ! Corsaire au service de la France !

Vous savez, il y a d'autres activités très... Passionnante. Hum...Disons que "Converser" ou "marchander" avec nos fidèles amis les anglais, habitués de la Brasse Coulée de notre ami Nicolas, est très rentable, ça doit bien pouvoir interesser un commerçant comme vous...

Bien ! Ceci dit, il est très important de boire un coup après avoir parler si longuement n'est-ce pas, la gorge sèche, ça irrite et ça donne soif bien sur...

Santé !

Allez Alexandre installe toi et bois avec nous !

tu parles de commercer avec les anglais ? en temps de paix je l'ai fait car l'Angleterre est juste en face de Dieppe.

En temps de guerre commercer avec l'ennemi c'est faire de la contrebande, une histoire à finir dans une prison avec le bateau confisqué... Non j'ai passé l'age.

Maintenant si tu penses à une belle conversation à coup de bordées de canons, je peux te dire que je ne me suis jamais laissé dépouiller de mes marchandises... J'ai souvent eu de la chance... le brouillard ou la nuit qui tombe avant de me faire rattraper, une renverse de vent favorable...

Ah une fois dans l'estuaire de la Nouvelle Orléans je me fais prendre à l'abordage par un pirates, un de ceux que habla hispanico. Il s'avise à mon manteau que je dois valoir une bonne rançon et il m'attache avec mes officiers. Puis il tombe sur ma cargaison 60 tonneaux de rhum... Ils ne sont pas ressortis de la cale. Mon lieutenant a réussi à user ses liens et ensuite nous détacher. Au fond de la cale ils dormaient ivres morts , il a suffit de les balancer par dessus bord pour un bon bain et même qu'ils ont joué un moment avec les requins. Dans la cabine de ce forban j'ai trouvé assez d'or pour m'indemniser du rhum qu'ils m'avaient bu ces fripouilles. Avec le surplus d''or j'ai fait dire une messe pour les marins que j'avais perdu dans l'affaire.

Bon allez j'avoue que je ne cherche pas querelle inutile mais que si une belle proie s'offre à moi du genre un marchand anglais en temps de guerre qu'aurais perdu son mat de misaine dans le dernier orage, je lui proposerai de mettre ses marchandises à l'abri dans mes soutes et l'alléger de son or.
Allons ça donne soif toutes ces histoires, reprenons un verre

Un autre petit tonnelet, messieurs ?
Les verres, ça se vide ma foi bien trop rapidement.

Ah, les Anglais...
Il faut connaître son ennemi dit-on.
Force m'est donc de reconnaître, que si notre bon roi de France possède les meilleurs navires, les Anglais possèdent eux...l'art de mieux s'en servir.
Combien de nos frégates se sont ainsi retrouvées sous pavillon Anglais !
Et je ne parle que de frégates...
Enfin...
Au moins ont-ils à faire eux aussi, aux pirates et autres flibustiers qui hantent nos eaux comme les leurs.

Le commerce n'est guère aisé en ces moments de trouble. J'ai parfois bien du mal à ramener quelque approvisionnement de bon aloi.
Bien que le commerce ne soit pas mon fort, il me faut quand même pourvoir à la soif de mes clients, et avitailler nos navires, si peu nombreux soient-ils.
Messieurs, je vous le dis sans ambage, entre tous ces malfaisants, nous entendrons de plus en plus souvent les aboiements secs des 9 ou 12 livres !
Souhaitons que l'avenir nous réserve tout de même quelques moments de paix.
Diplomatie est souvent fille de poudre à canons...

Et Dieu sait si la poudre à canons est acre à respirer !
D'ailleurs, je m'en vais ouvrir ce petit tonnelet dont vous me baillerez des nouvelles...

Bienvenue Pierre Duquesne
Que cette taverne vous soit un havre de paix

Ondine